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saisit son fusil avec des projets tragiques. Mais, dans la chute, le fusil avait porté rudement par terre, les chiens étaient remplis de boue, et de plus avaient perdu leurs pierres. Mais les femmes ne savaient pas cet accident arrivé au fusil et, voyant le docteur les coucher en joue, elles prirent de nouveau la fuite en jetant des cris aigus.

Le docteur, voyant son fusil hors d’état de le venger, donna d’effroyables coups d’éperon à son cheval, qui, en quelques secondes, arriva dans la cour de sa maison. Le docteur, jurant comme un possédé, se fit donner, sans descendre, un habit et un fusil, puis poussa son cheval ventre à terre sur la grande route d’Avranches qui passait sur le pont du Houblon, dont nous avons déjà parlé.

Les femmes, après avoir lavé rapidement leurs figures et leurs bonnets blancs, s’occupaient de leur linge, et enlevaient les taches de boue.

Cet ouvrage les outrait de chagrin et elles l’interrompaient fréquemment pour revenir aux injures adressées au docteur quoique dans ce moment, au train dont il était parti, elles comprirent bien qu’il était à une lieue d’elles. Quand elles furent lasses de dire des injures :

— Pour moi, s’écria Yvonne, l’une