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CHAPITRE 3


En sortant de Carville, du côté de la mer, après avoir passé le pont-neuf, on trouve à gauche la petite vallée au fond de laquelle court le Houblon, ce ruisseau qui a l’esprit d’être joli. Deux grandes prairies fort en pente garnissent les deux côtés du ruisseau.

Sur la rive gauche, un beau chemin, récemment réparé par ordre de Mme de Miossens, étale fièrement ses bornes en pierre de taille, qui, sous un nom très impoli, sont destinées à empêcher les imprudents de choir dans le ruisseau rapide qui se trouve, ici, en contre-bas de plus de dix pieds. Par le conseil du curé Du Saillard, la noble dame s’est rendue adjudicatrice des réparations à faire à ce chemin qui conduit au château, dépenses cotées à cent écus dans le budget de la commune. Mme la duchesse de Miossens adjudicatrice et recevant trois cents francs d’une commune ! Quels mots ridicules, en 1826, car c’est vers cette époque que commence notre histoire fort immorale.