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fort important, et le plus important peut-être dans le village de Carville. L’on pouvait même dire que sa réputation s’étendait dans tout l’arrondissement d’Avranches, où il rendait beaucoup de services. Mme Hautemare, de son côté, fière envers les paysans, et menant son mari, était encore, s’il se peut, plus petitement dévote ; elle ne parlait à Lamiel que de devoirs et de péchés.

Je m’ennuyais de si bon cœur à Carville quand je ne tuais pas les lièvres de la marquise, que, les soirées, je donnais toute mon attention aux longs détails que je viens de raconter à mon tour un peu longuement.

Si le lecteur le permet, je lui dirai la raison de mon bavardage ; je m’occupais de ces détails en 1818 avec cet aimable abbé Le Cloud, qu’une maladie de poitrine, acquise à force de crier avec enthousiasme dans les églises humides et pleines de manants, retint plusieurs mois au château de Carville, et j’écris ceci en 1840, vingt-deux ans après.

En 1818, j’avais le bonheur d’avoir un de ces oncles d’Amérique si fréquents dans les vaudevilles. Celui-ci, nommé Des Perriers, passait pour un mauvais sujet dans la famille ; je lui avais écrit deux ou trois fois pour lui envoyer de Paris des habits ou des livres.