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par la marquise. Cette dame tenait beaucoup à ce morceau de brioche, reste brillant, mais à peu près unique, des hommages que les Miossens recevaient depuis plus de quatre siècles dans l’église de leur village.

La marquise recevait le bedeau d’une façon particulière, lorsqu’il venait apporter le morceau de pain bénit, le valet de chambre prenait son épée et ouvrait les deux battants de la porte du salon, car alors le bedeau était l’envoyé officiel du curé et remplissait ses devoirs envers la personne exerçant les droits seigneuriaux. Avant de quitter le château, Hautemare descendait à l’office où il trouvait une sorte de déjeuner-dîner pour lui préparé. Le bon maître d’école descendait au village, racontant à tous les paysans qu’il rencontrait, et ensuite à sa femme et à sa nièce Lamiel, le détail des plats qu’il avait eus au déjeuner, puis tout ce que madame avait daigné lui dire. Le soir, à tête reposée, ces bonnes gens délibéraient sur la meilleure façon de distribuer les aumônes dont la grande dame l’avait chargé. Cette confiance de la marquise, jointe au crédit que vingt années de soins et d’obéissance passive lui avaient donné sur le curé Du Saillard, personnage terrible dans ses colères, avait fait du bon maître d’école Hautemare un personnage