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mois je puis rendre celle-ci aussi furieuse contre vous que maintenant elle vous protège.

Le petit abbé avait les larmes aux yeux et il eut bien de la peine à cacher son émotion à son terrible confrère. Fédor était venu pour quinze jours respirer l’air pur du Calvados. Cet enfant, à qui on voulait donner de l’esprit, avait huit maîtres dont il recevait leçon chaque jour, et était d’une faible santé. Il n’en repartit pas moins pour Paris le surlendemain du miracle des pétards, et l’héritier maigre et chétif de tant de beaux domaines ne coucha que trois jours dans le magnifique château de ses aïeux. Du Saillard eut du mérite à cela, et nous en riions beaucoup M. l’abbé Le Cloud et moi.

Du Saillard eut beaucoup de peine à faire condescendre la duchesse à ses volontés : il fut obligé d’invoquer plusieurs fois l’intérêt général de l’église ; il la trouva toute en colère, elle avait été profondément effrayée des pétards ; elle avait cru à un commencement de révolte des jacobins unis aux bonapartistes. Mais en rentrant au château, elle eut un bien autre motif de colère. Dans le premier moment de terreur que les pétards lui avaient causé, elle avait dérangé un faux tour destiné à cacher quelques cheveux blancs, et, pen-