Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/363

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeune homme, avec sa chemise sanglante, paraissait devant les dames réunies dans le salon voisin, il était perdu dans le pays.

— Je tuerai plutôt tout à fait cet amant de Lamiel ; si le bonheur veut que je ne sois surpris par aucun domestique, je cacherai le cadavre dans la garde-robe voisine dont je prendrai la clef, et ce soir aidé par Lamiel elle-même, je ferai disparaître le corps du beau Parisien. Un homme comme moi est capable de se tirer d’une situation bien pire.

Une idée bien digne de la Normandie se présenta au médecin bossu : en supposant que tout réussisse à souhait, cette étourderie peut me coûter cent louis, faisons-les refuser (sic) à ce petit animal qui m’embarrassera bien plus mort que vivant.

— Si tu veux me suivre hors du château et ne rien dire à personne, je te fais une pension de trois cents francs par an. Tu meurs de faim avec ton père avare et qui n’a pas soixante ans, il peut te faire attendre quinze ou vingt ans l’héritage de sa boutique, tandis que tu auras un bien-être assuré avec cette pension de trois cents francs que je vais à l’instant t’assurer par un bon acte passé devant notaire et en présence de quatre témoins.

Fabien, outré de l’état dans lequel il sentait mettre sa cravate, fit un puissant