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heure à une toilette qui dépassait de bien loin les soins de la propreté la plus parfaite. S’il eût pu déguiser l’âpreté doublement normande de son œil de renard, il eût pu passer pour un jeune homme de dix-huit ans appartenant à la société de Paris.

— Que faites-vous dans ce couloir qui n’est destiné qu’aux femmes de Mme la duchesse et où les valets de chambre eux-mêmes n’osent jamais se montrer ?

— Je n’ai pas d’avis à recevoir de vous, ces choses-là ne regardent pas un vilain bossu.

Sur la réponse du docteur qui fut outrageante, le piéton saisit la chemise de toile de Hollande de Sansfin, étalée avec une coquetterie parfaite sur sa poitrine, et mit son ennemi hors d’état de paraître devant des dames. Sansfin qui était fort répondit par un coup de poing fort bien appliqué ; le piéton, persistant dans son plan d’attaque, saisit à deux mains la chemise du docteur, de façon à la déchirer entièrement et à mettre en évidence le gilet de flanelle qui seul défendait sa poitrine. Après avoir mis son ennemi dans cet état, le piéton fit beaucoup de bruit, espérant attirer l’attention de la duchesse qu’il savait d’un caractère fort craintif et qui, peut-être, ouvrirait sa porte.