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campagnes la mer, la mer sans laquelle aucun paysage ne peut se dire parfaitement beau.

Si l’œil, qu’éveille aux beautés des paysages le charme des lointains, cherche les détails, il voit que chaque champ forme comme un enclos entouré de murs de terre, ces digues établies régulièrement sur le bord de tous les champs sont couronnées d’une foule de jeunes ormeaux. Quoique ces jeunes arbres n’aient qu’une trentaine de pieds et que les champs ne soient plantés que de modestes pommiers, l’ensemble donne de la verdure et l’idée d’un aimable fruit de l’industrie.

La vue dont je viens de parler est précisément celle qu’en venant de Paris et approchant de la mer, l’on trouve à deux lieues de Carville. C’est un gros bourg voisin de la mer, où s’est passée, il y a peu d’années, l’histoire de la duchesse de Miossens et du docteur Sansfin.

Du côté de Paris, le commencement du village, perdu au milieu des pommiers, gît au fond de la vallée, mais à deux cents pas de ses dernières maisons, dont la vue s’étend du nord-ouest vers la mer et le Mont Saint-Michel, on passe sur un pont tout neuf un joli ruisseau d’eau limpide qui a l’esprit d’aller fort vite, car toutes choses ont de l’esprit en Normandie, et