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qui viendrait nous parler de l’honneur de son père, le tout dans l’espérance de voir son nom imprimé dans quelque journal.

Ce village de Carville était couronné par un beau château à demi-gothique bâti par les Anglais, on avait de là la vue de la mer située à une lieue, et, du côté de terre, une suite de collines couvertes d’arbres. Dans ce château passait dix mois de l’année une grande dame de Paris, Mme la duchesse de Miossens ; elle n’avait guère plus de trente ans ; ses traits avaient de la noblesse, elle pouvait même passer pour belle. Sa fortune était fort considérable, au surplus elle en était maîtresse absolue. Cette duchesse tenait surtout à jouer dans le monde un rôle convenable, elle remplissait donc tous ses devoirs avec scrupule ; mais je puis ajouter un fait bien singulier : jamais, un seul instant dans la vie, elle n’avait cessé d’être sage. On pouvait lui reprocher d’être fière, il faut convenir qu’on l’eût été à moins. Pour la punir de sa fierté, je ferai remarquer qu’elle n’était point aimée de la noblesse des environs. Il faut remarquer que, dans cette partie de la Normandie, on rencontre toutes les trois lieues un château de trente mille livres de rente.

Mme de Miossens était bien au-dessus