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LAMIEL[1]


CHAPITRE I

Vers les dernières années du règne de Charles X, c’est-à-dire en 1828 ou 1829, le docteur Sansfin était un pauvre diable de médecin normand, lequel ne possédait pour tout bien qu’un méchant cheval pour faire son service, deux chiens, et un fusil, car il prétendait être grand chasseur. Pour comble de misère, il était bossu et très honteux de sa bosse, car, outre que le ciel lui avait donné de la vanité pour dix Champenois, il se croyait appelé à être homme à bonnes fortunes. Sansfin exerçait toutes ses prétentions dans un bourg de Normandie assez voisin d’Avranches, nous l’appellerons Carville afin d’en pouvoir médire en toute tranquillité, et sans nous exposer aux réclamations pathétiques de quelque bourgeois

  1. Manuscrit entièrement de la main de Stendhal et daté de Civita-Vecchia, 17 mars 1841. N. D. L. É.