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« De B., écuyer du roi Louis XVI qui racontait au retour d’une chasse à Compiègne qu’un garde du corps de [1] étant tombé sous les roues du carrosse du roi avait eu les deux cuisses broyées.

— Par bonheur, disait-il, j’avais un petit flacon rempli d’eau-de-vie.

— Vous l’avez donné au pauvre blessé ?

— Pas du tout, répondit-il étonné, je me suis hâté de l’avaler, ce qui m’a un peu remis de ce triste spectacle. »

Mme de Miossens ne concevait pas qu’un duc pût en agir autrement. Offrir le flacon d’eau-de-vie à un garde du corps qui peut-être était plébéien lui eût semblé une sorte de crime d’état, une atteinte portée à la monarchie.

[Le manuscrit reprend ici :]

L’anecdote de Sansfin était vraie et il avait raison en tout ; elle n’eut aucun succès auprès du chevalier de Sainte-Foy, de la vicomtesse de *** et de *** et de la marquise de ***. Celle-ci dit tout bas à la vicomtesse de ***, sa voisine :

— Mais vous ne m’aviez pas dit que ce petit homme contrefait, que le petit médecin était jacobin.

Sansfin savait qu’il parlait bien et même s’en exagérait le mérite, comme il avait

  1. Un mot illisible.