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Elle s’ennuyait souvent, les livres étaient pour elle inintelligibles ou révolution. Le ciel lui avait donné un esprit sec et stérile. Elle dépensait quarante mille francs par an pour des dîners, mais au delà du soin de se procurer des primeurs et de faire verser des vins fins, elle n’avait d’invention pour rien.

À peine la maladie de sa petite favorite Lamiel avait duré un mois et c’était par intérêt pour cette petite paysanne…

Il faut savoir que la liaison de la duchesse de Miossens et du plus célèbre médecin de la Basse-Normandie s’était faite de cette façon.

Comme toutes les femmes trop riches et par l’excès des richesses conduite à la privation des difficultés et à l’ennui, Mme de Miossens avait une favorite. Lamiel était une jeune paysanne de quinze ans alors qui, par sa mine éveillée et par ses réponses hardies, deux ans auparavant, quand elle en avait treize, avait attiré l’attention de la duchesse.

Lamiel tomba malade. Mme de Miossens était brouillée avec les médecins en réputation à Rouen, et un médecin de Paris vint avec empressement la première fois qu’il fut appelé croyant que la duchesse était malade. Quand il vit qu’il ne s’agissait que d’une sorte de femme de chambre,