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Sous le règne du comte d’Aubigné elle devient libertine pour chercher le plaisir et pour se dépiquer, lorsqu’elle s’aperçoit que le comte joue toujours la comédie. Par vanité naissante chez elle, elle veut se venger de la profonde indifférence du comte. « Que diable croit-il et est-il au fond du cœur, se demande-t-elle ? »

Sachant qu’il va à un dîner de la Tour de Nesles, où se trouve toute la bonne compagnie de l’Opéra, et ces demoiselles, et qu’après les avoir reconduites chez elles, on va au bordel, elle prend un masque de velours noir comme on en portait au xviie siècle et va se mêler aux filles de joie. Arrive le comte, on étend des matelas à terre, ces messieurs sont assis tout autour, ils blaguent ; d’Aubigné se met à parler d’elle, elle se démasque ; le comte, si audacieux en apparence, si fier de sa supériorité en tout, reste stupéfait.