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la désobéissance de son fils la met au désespoir. Elle veut le marier et elle s’aperçoit que, à peine marié, il lui échappera.

Les questions de Lamiel sur ce qui se passait au pays furent sans borne. Elle était déjà assez avancée dans la vie pour trouver du charme à revenir aux souvenirs innocents de son village. Elle apprit que Sansfin était à Paris ; il avait eu l’audace de se mettre à demi sur les rangs pour la place de député de l’arrondissement dont … faisait partie ; cette prétention avait été accueillie avec un éclat de rire si général que le petit bossu n’avait pu se résoudre à continuer d’habiter le pays. Il paraissait certain qu’un jour, dans les bois, aveuglé par la colère, il avait mis en joue M. Frontin, l’adjoint du maire, qui l’avait plaisanté sur cette idée de se faire député avec sa tournure.

Les nombreuses conversations que Lamiel obtint de l’abbé Clément hâtèrent infiniment les progrès de son esprit. Elle avait dit à l’abbé plusieurs choses fort éloignées de la croyance de celui-ci, il n’avait pu les réfuter d’une manière satisfaisante du moins pour Lamiel ; elle en conclut, non par amour-propre, mais plutôt par estime pour le caractère et la bonne foi de l’abbé, que ces idées étaient vraies.

L’abbé lui avait dit :