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rait trop ses jolies mains, il sentait avec honte un brûlant désir de les presser dans les siennes et même de les approcher de ses lèvres. Alors, il voulut se séparer de Lamiel, il lui adressa sur ses égarements un discours sage, sévère et complet, il le termina par ces mots :

— Je ne pourrais rester auprès de vous et vous revoir que si vous manifestiez le ferme propos de changer de conduite.

Lamiel désirait passionnément raisonner sur tout ce qui lui était arrivé, avec un ami si dévoué, dans les lumières duquel elle avait tant de confiance et à qui elle pouvait tout dire. Depuis son départ de Carville, elle n’avait pu être sincère avec personne. Elle exagéra un peu l’inquiétude curieuse qui l’agitait et prononça le mot de repentir.

Lorsqu’elle eut prononcé ce mot, l’abbé ne put charitablement lui refuser un second rendez-vous ; il sentait le danger, mais il se disait aussi : « Si quelqu’un au monde peut avoir quelque espérance de la ramener dans la bonne voie, c’est moi. » Le bon abbé faisait un grand sacrifice en accordant un second rendez-vous, car une terrible idée s’emparait malgré lui de son cœur. « Avec quelle facilité cette charmante fille ne se donne-t-elle pas, quand sa tête est convaincue ! Elle semble n’atta-