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pour son écolière, et auquel Mme Le Grand avait confié le père sous-préfet, M. de Tourte et le reste de l’histoire. Tout cet ensemble de vie n’était pas amusant ; l’impossibilité de la promenade nuisit à la santé de Lamiel et son ennui était complété par le manque de spectacle. La fatuité de d’Aubigné était sur le point de triompher, s’il eût donné à Lamiel plus d’occasions de parler à cœur ouvert ; elle avait si peu de vanité, qu’elle se fût ouverte à lui, au premier moment d’impatience dans lequel il l’eût surprise.

Ce fut dans ces circonstances que Chantilly se présenta. Le comte y alla et perdit dix-sept mille francs en paris. Il acheva de se ruiner, il épuisa tout le crédit qu’on lui accordait encore et paya noblement cette somme avant la fin de la semaine. Le comte de Nerwinde[1] était au fond très prudent et sage jusqu’à l’avarice.

— J’ai déjà trois ou quatre jugements qui peuvent me conduire à Clichy, je me dois à moi-même d’avoir cette petite provinciale : ce devoir rempli, il s’agit de disparaître en grand. J’irai passer mon temps à Versailles, je suis connu des pauvres diables qui vont bâiller dans

  1. À partir d’ici, c’est sous ce nom que Stendhal désigne le personnage qui jusqu’alors s’appelait d’Aubigné. N. D. L. E.