CHAPITRE 12
n soir, elle était encore chez Mme Le
Grand à minuit, et, pour s’amuser,
avait entrepris de plaire à son gros
mari ; elle étudiait chez cet homme
l’absence complète d’imagination,
lorsqu’on entendit un grand bruit dans la
rue et bientôt à la porte de l’hôtel. C’était
un des jeunes habitants de la maison
que l’on rapportait ivre-mort.
— Ah ! c’est encore le comte d’Aubigné, s’écria Mme Le Grand.
C’était ce qu’on appelle à Paris un fort aimable jeune homme qui s’occupait gaiement à manger une fortune de quatre-vingt mille livres de rente que lui avait laissée le brave général d’Aubigné, si célèbre dans les guerres de Napoléon. Depuis trois ans seulement, il avait hérité et se trouvait déjà réduit à l’hôtel garni. Il avait été obligé de vendre sa maison.
Ce soir-là, l’ivresse de d’Aubigné consistait à parler constamment et à ne pas vouloir monter chez lui.
— À quoi bon monter deux étages