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renfermée dans une immobilité parfaite, elle observait du haut de son caractère ce jeune homme si élégant qui se fatiguait à faire de petits gestes saccadés, comme un jeune premier de vaudeville.

— Au fait, il ne dit rien de joli, pensait Lamiel ; il ne vaut guère mieux que cet imbécile de Jean Berville que je quitte. Ouelle différence avec l’abbé Clément ! Comme celui-ci eût été gentil en me rapportant mon étui !

Enfin, au bout d’un quart d’heure qui parut bien long à la jeune fille, le duc trouva un compliment bien tourné et naturel. Lamiel sourit, et aussitôt Fédor devint charmant ; le temps cessa de lui paraître horriblement long, ainsi qu’à Lamiel. Encouragé par ce petit succès qu’il sentit avec délices, le duc devint charmant, car il avait infiniment d’esprit ; la nature avait seulement oublié de lui donner la force de vouloir. On avait tant et si souvent accablé de conseils ce pauvre jeune homme sur les mille gaucheries que l’on commet à seize ans quand on est obligé à parler dans un salon comme un homme du monde, que, au moindre mouvement à faire, au moindre mot à dire, il était stupéfié par le souvenir de trois ou quatre règles contradictoires et auxquelles il ne fallait pas manquer. C’est le même