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qui faisaient obstacle réel, et il n’osait les avouer à Duval. La parfaite effronterie de cet homme le choquait au fond ; il était timide devant le ridicule. Le jeune duc avait de la noblesse dans l’âme ; il était loin de voir que les cinq ou six louis à gagner sur l’ameublement du petit appartement à offrir à Lamiel étaient le seul mobile qui faisait agir son valet de chambre. Plus Fédor était timide, plus la flatterie de Duval lui était agréable ; Duval ne pouvait le déterminer à agir qu’en poussant la forme de la flatterie jusqu’à l’excès.

Par exemple, il le flatta horriblement Je jour où il le détermina à parler à Lamiel. Fédor se hâta de sauter à bas de son cheval aussitôt qu’il l’aperçut, et s’approcha d’elle en faisant beaucoup de gestes.

— Voici, mademoiselle, un étui de bois garni de pointes d’acier d’un effet charmant. Vous l’avez oublié en quittant le château de ma mère, qui vous aime beaucoup et m’a chargé de vous le rendre à la première fois que je vous rencontrerais. Savez-vous bien qu’il y a plus d’un mois que je vous cherche ? Quoique ne vous ayant jamais vue, je vous ai reconnue d’abord à votre air distingué, etc., etc.

Les yeux de Lamiel étaient superbes d’esprit et de clairvoyance tandis que