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quelques livres et une belle chambre, dans le village, où M. le duc va le soir, chez elle, brûler des cigares.

— Ce serait presque aussi ennuyeux que chez ma mère, dit le duc en bâillant.

Duval, voyant que la description de ce bonheur faisait peu d’impression, ajouta :

— Si quelqu’un des amis de M. le duc vient le voir à son château, M. le duc aura quelque chose à lui montrer, le soir.

Cette raison fit impression, et l’éloquence de Duval, qui eut soin, matin et soir, de parler de Lamiel, prépara à se laisser conduire le jeune homme qui tremblait à l’idée de faire quelque démarche ridicule qui pourrait faire anecdote contre lui. Mais enfin l’ennui était excessif au château de Miossens ; l’abbé Clément avait trop d’esprit pour hasarder des idées devant un jeune fat arrivant de Paris, et qui savait qu’il était neveu d’une femme de chambre de sa mère.

Fédor finit donc par se rendre, mais à contre-cœur, aux exhortations de son tyran Duval. Depuis trois ou quatre ans, il s’était réellement beaucoup occupé de géométrie et de chimie, et avait conservé toutes les idées de seize ans sur le ton de facilité et d’aisance avec lequel un homme de naissance devait aborder une grisette, même sût-elle l’anglais. C’étaient ces idées