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que le roi était exilé en Angleterre, elle partit pour Portsmouth avec son fils. En revenant de l’accompagner au bâtiment, le docteur acheta des rubans tricolores, qu’il mit à sa boutonnière, et partit pour Paris. Il exagéra à ses amis de la congrégation les périls qu’il avait courus à Carville, et moins de huit jours après, un ordre de M. César Sansfin parut dans le Moniteur ; il était nommé à une sous-préfecture dans la Vendée. Son but était seulement de marquer son adhésion au nouveau gouvernement. La congrégation le chargea de lettres de recommandation pour les pays où il allait déployer ses talents administratifs, mais son métier de médecin lui valait sept à huit mille francs à Carville, et Sansfin avait horreur de paraître en uniforme, avec l’épée au côté. « À Carville, se disait-il, on est accoutumé à ma bosse, aux défauts de ma taille. » Huit jours après sa nomination, le docteur tomba malade et il vint en congé à Carville.

Lamiel était restée chez sa tante ; trois jours après le départ de la duchesse, elle vit arriver quatre paquets énormes remplissant presque la charrette couverte du château. C’était du linge et des robes de toute espèce dont la duchesse lui faisait cadeau. Il y avait quelque chose de tendre