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humiliations qu’allait souffrir cette maison de Bourbon qui depuis un siècle protégeait les forts contre les faibles. « Ne sont-ce pas ces gens-là, se disait Sansfin, qui ont donné à jamais le nom de canaille à la classe dans laquelle je suis né ? Pour eux, tout ce qui a de l’esprit est suspect ; ainsi, si ce commencement d’insurrection a des suites un peu sérieuses, si ces Parisiens si ridicules ont le courage d’avoir du courage, le vieux Charles X pourrait être forcé d’abdiquer, et la classe de la canaille à laquelle j’appartiens fera un pas en avant. Nous deviendrons une bourgeoisie respectable et que la cour devra se donner la peine de séduire. » Puis, tout à coup, Sansfin vint à se souvenir de la belle position où il s’était placé envers la congrégation : « Je suis à la veille d’obtenir une place, se dit-il, s’il me convient d’en demander une. Tous les châteaux des environs donneraient cinquante louis ou cent louis chacun, selon son degré d’avarice, pour que je fusse pendu haut et court, mais en attendant ce moment agréable, je me vois le seul agent par lequel ils puissent communiquer avec le peuple. Je joue sur leurs terreurs comme Lamiel joue sur son piano, je les augmente et les calme presque à volonté. S’ils obtiennent une très grande victoire, les plus furibonds