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est placée ici-bas ; en second lieu, l’âme fortifiée par le plaisir, qui est son élément véritable, a le courage de n’omettre aucune des petites comédies nécessaires à une jeune fille pour gagner la bonne opinion des vieilles femmes en crédit dans le village ou dans le quartier qu’elles habitent. Le danger de la doctrine du plaisir c’est que celui des hommes les porte à se vanter sans cesse des bontés que l’on peut avoir pour eux. Le remède est facile et amusant, il faut toujours mettre en désespoir l’homme qui a servi à vos plaisirs.

Le docteur ajoutait une foule de détails :

— Il ne faut jamais écrire, ou, si l’on a cette faiblesse, il ne faut jamais donner une seconde lettre sans se faire rendre la première ; il ne faut jamais témoigner de confiance à une femme, si l’on n’a en mains le moyen de la punir de la moindre trahison. Jamais une femme ne peut ressentir d’amitié pour une autre femme du même âge qu’elle.

Tout ceci est bien minutieux, ajoutait le docteur, mais voyez sur quelles minuties, sur quels mensonges sont fondées les opinions qui sont prises comme des vérités de l’évangile par toutes les vieilles femmes de la ville[1].

  1. Pour délasser Lamiel de la sécheresse des préceptes, le docteur lui avait prêté une Vie de M. De Talleyrand,