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lui semblait de cette physionomie. Lamiel admirait les détails du cadre ; à la demande de la duchesse, à peine considéra-t-elle d’un œil distrait le personnage peint, puis dit simplement, et sans y entendre malice, que la physionomie de ce jeune soldat lui semblait insignifiante. Malgré les manières modestes et la retenue habituelle de l’abbé Clément, cette naïveté fut trop imprévue pour le peu d’usage du monde qu’il avait pu acquérir, il éclata de rire, et la duchesse, pour ne pas se fâcher et surtout pour ne pas fâcher sa favorite, prit le parti de l’imiter. Cette naïveté charmante étonna et ravit le pauvre abbé Clément, déjà à demi étouffé par le ton de fausseté de tous les instants nécessaire dans cette petite tour. Sans s’en douter, le pauvre abbé devint amoureux de Lamiel.

C’était justement au moment où Lamiel voulait absolument prendre possession de sa chambre dans la tour. Un beau matin, elle changea tout à coup, et le docteur Sansfin fut bien étonné quand, venant faire sa première visite à huit heures du matin, les Hautemare lui dirent qu’il y avait plus d’une grande heure que Lamiel s’était embarquée pour le château dans le coupé de Madame.

Le retour de la favorite jeta la duchesse dans une joie d’enfant ; pour être juste,