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me déplaît, je puis toujours détruire tout raisonnement par un mot d’esprit piquant. Quant à moi, je sais travailler pour devenir député, j’aurais à étudier quelque peu d’économie politique et à lire les titres de quelques centaines d’ordonnances administratives ; eh bien ! qu’est-ce que cela au prix de l’étude de trois ou quatre maladies ? Lors de mes premiers essais à la tribune, ma bosse m’empêchera d’être envié. À quoi bon courir en Amérique ? Mon pays m’offre la situation qui me convient, il faut que Mme de Miossens ait un salon considéré à Paris, et que ce salon réponde de moi à la bonne compagnie. Par monsieur le cardinal archevêque je puis me faire agréer de la congrégation. Ces deux belles préparations achevées, la porte m’est ouverte, c’est à moi d’entrer, si j’ai assez de vigueur dans les jambes. En attendant, il faut m’amuser ; pendant que je vais suivre ce grand dessein, il faut me donner les prémices du cœur de cette jeune fille. »

Pour parvenir à toutes ces belles choses, Sansfin fit durer pendant plusieurs mois la prétendue maladie de Lamiel, comme l’origine du peu de réel qu’il y avait dans cette indisposition fort simple était l’ennui, Sansfin sacrifia toute chose au désir d’amuser la malade ; mais il fut étonné de la clarté et de la vigueur de cet esprit si