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CHAPITRE V

UNE LECTRICE


Lamiel grandit ainsi, elle avait quinze ans lorsque les yeux de la duchesse de Miossens s’entourèrent de quelques rides, — (nous avons oublié de dire que, le vieux duc mort, son fils ne lui survécut que de quelques mois), — elle fut au désespoir de cette découverte. Un courrier expédié en toute hâte à Paris lui ramena l’oculiste le plus célèbre, M. de la Rouze. Cet homme d’esprit fut fort embarrassé, lors de la consultation faite le matin au lit de la duchesse ; il eut besoin de débiter une longue suite de phrases élégantes pour se donner le temps d’inventer un mot grec qui voulait dire affaiblissement causé par la vieillesse. Supposons que ce beau mot grec soit amorphose ; M. de la Rouze expliqua longuement à la duchesse que cette maladie, provenant d’un froid subit à la tête, attaquait de préférence les jeunes femmes de vingt à vingt-cinq ans. Il prescrivit un