des confitures, et la petite, qui était friande, ne pouvait la prendre en déplaisance. De son côté, le maître d’école Hautemare, fort scrupuleux sur ce devoir, la forçait à lire une heure le matin et une heure le soir.
— Si la commune me paye, se disait-il, pour enseigner à lire à tous les enfants, à plus forte raison dois-je enseigner à lire à ma propre nièce, puisque, après Dieu, je suis la cause de sa venue en cette commune.
Cette lecture continuelle était un des supplices de la petite fille ; mais quand le bon maître d’école la voyait pleurer, il lui donnait quelque monnaie pour la consoler. Malgré cet argent, bien vite échangé contre des petits bonshommes de pain d’épices, Lamiel abhorrait la lecture.
Un jour de dimanche, que l’on ne pouvait pas filer et que sa tante lui défendait de regarder par la porte ouverte, de peur qu’elle n’aperçût dans le lointain quelque coiffe sautant en cadence, Lamiel trouva sur l’étagère de livres l’Histoire des quatre fils Aymon. La gravure sur bois la charma, puis, pour la mieux comprendre, elle jeta les yeux, quoique avec dégoût, sur la première page du livre. Cette page l’amusa ; elle oublia qu’il lui était défendu d’aller voir la danse ;