entrer qu’une fois en ma vie, et être rentrée à la maison avant le retour de ma tante.
Carville ne consistait presque qu’en une rue fort large, avec une place au milieu. À l’extrémité opposée du pont sur le Houblon, c’est-à-dire du côté de Paris, se trouvait la jolie église gothique du pays ; au delà était le cimetière, puis au delà encore trois grands tilleuls sous lesquels on dansait le dimanche, au grand déplaisir du curé Du Saillard. On profanait, disait-il, la cendre des morts, et le prétexte était que les tilleuls n’étaient pas à plus de quarante pas du cimetière. La chaumière, que la commune passait à M. Hautemare comme maître d’école, donnait sur la rue, presque vis-à-vis le cimetière, et, de là, on pouvait apercevoir la promenade des tilleuls et entendre le violon de la danse.
Lamiel prit en courant un ancien chemin qui, du lavoir, conduisait à la route de Paris, en dehors de Carville.
Ce chemin la conduisait aux tilleuls, dont elle voyait de loin la cime touffue s’élever par-dessus les maisons, et cette vue lui faisait battre le cœur. Je vais les voir de près, se disait-elle, ces arbres si beaux !