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dont la grande dame l’avait chargé. Cette confiance de la duchesse, jointe au crédit que vingt années de soins et d’obéissance passive lui avaient donné sur le curé Du Saillard, personnage terrible dans ses colères, avait fait du bon maître d’école Hautemare un personnage fort important, et le plus important peut-être dans le village de Carville. L’on pouvait même dire que sa réputation s’étendait dans tout l’arrondissement d’Avranches, où il rendait beaucoup de services. Mme  Hautemare, de son côté, fière envers les paysans et menant son mari, était, s’il se peut, plus petitement dévote ; elle ne parlait à Lamiel que de devoirs et de péchés.


Je m’ennuyais de si bon cœur à Carville quand je ne tuais pas les lièvres de la duchesse, que (les soirées) je donnais toute mon attention aux longs détails que je viens de raconter moi-même un peu longuement.

Si le lecteur le permet, je lui dirai la raison de mon bavardage ; je m’occupais de ces détails avec cet aimable abbé Le Cloud, qu’une maladie de poitrine, prise à force de crier avec enthousiasme dans les églises humides, retint plusieurs mois