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plaçait volontiers à la tête des ventes et des quêtes. C’était, du reste, le seul hommage que ce faubourg consentît à lui rendre. Mariée à seize ans, à un vieillard qui devait la faire duchesse (le marquis d’Albret, ce vieillard, n’avait perdu son père que lorsque la duchesse de Miossens arrivait à sa vingt-huitième année), elle avait dû passer toute sa jeunesse à désirer les honneurs qu’une duchesse recevait encore dans le monde du temps de Charles X. La duchesse n’avait pas infiniment d’esprit.

Telle était la grande dame chez laquelle je passais le mois de septembre, à la condition de m’occuper, de cinq heures à minuit, des commérages et des petites aventures de Carville ; c’est un lieu que l’on ne trouvera pas sur la carte et dont je demande la permission de dire des horreurs, c’est-à-dire une partie de la vérité. Les finesses, les calculs sordides de ces Normands ne me délassaient presque pas de la vie compliquée de Paris.

J’étais reçu chez Mme  de Miossens à titre de fils et petit-fils des bons MM. Lagier, de tout temps notaires de la famille d’Albret de Miossens, ou plutôt de la famille Miossens qui se prétendait d’Albret.