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que nous appellerons Carville, pour ne déplaire à personne, vivait Lamiel ; c’était bien la jeune fille la plus éveillée et la plus gentille de tout le Cotentin. Une coupe de visage singulière, une bouche fraîchement souriante, une jolie taille, des yeux bleus d’une vivacité moyenne et que l’on ne pouvait oublier mettaient ses dix-sept ans en grand honneur auprès des jeunes gens de Carville et des villages voisins ; mais, en revanche, toutes les jeunes filles avaient pour elle une haine particulière.

Une fois, bien avant qu’il fût question de Lamiel dans le village, il y avait mission à Carville. On était alors en pleine Restauration, les miracles éclataient de toutes parts et les châteaux des environs de Carville, peuplés de gens à quatre-vingt mille livres de rente, ne croyaient guère aux miracles, mais les protégeaient de toute leur influence.

Le dernier jour de la mission[1], etc.

Civita-Vecchia, 1er  octobre 1833.


B


Le jeune descendant de la longue race de notaires dont le récit précède[2] remarqua à la visite de l’année suivante que le grand vicaire Du Saillard, dont les gourmands, qui venaient dîner chez la duchesse de Miossens, admiraient la profondeur digne de Tacite,

  1. Voir la suite, p. 14.
  2. C’est le récit qui compose les deux premiers chapitres du roman définitif