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présente à lui, il saute sur elle avec un couteau ouvert à la main, et la prend par les cheveux pour lui percer la poitrine ; dans l’effort fait, le mouchoir de Lamiel se dérange, il lui voit le sein.

— Ma foi, c’est dommage, s’écrie-t-il. Il lui baise le sein, puis lâche les cheveux.

— Dénonce-moi, et fais-moi prendre, si tu veux, lui dit-il.

Il la séduit ainsi. Voilà du caractère ! elle ne se dit pas cela, elle le voit et en subit les conséquences.

— Qui êtes-vous ?

— Je fais la guerre à la société qui me fait la guerre. Je lis Corneille et Molière. J’ai trop d’éducation pour travailler de mes mains et gagner trois francs pour dix heures de travail.

Quoique traqué par toutes les polices, et avec acharnement personnel, à cause des plaisanteries qu’il leur adresse, Valbayre la mène fièrement au spectacle ; cette audace la rend folle d’amour.

— Est-il donc possible que cet amour si vanté soit si insignifiant pour moi ? se dit Lamiel.

Enfin, elle connaît l’amour. Elle prend la fuite, vit avec Valbayre et l’aide dans un crime.

Valbayre est emprisonné, elle court des dangers.