Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.

faisait partie ; cette prétention avait été accueillie avec un éclat de rire si général que le petit bossu n’avait pu se résoudre à continuer d’habiter le pays. Il paraissait certain qu’un jour, dans le bois, aveuglé par la colère, il avait mis en joue M. Frontin, l’adjoint du maire, qui l’avait plaisanté sur cette idée de se faire député avec sa tournure.

Les nombreuses conversations que Lamiel obtint de l’abbé Clément hâtèrent infiniment les progrès de son esprit. Elle avait dit à l’abbé plusieurs choses fort éloignées de la croyance de celui-ci, il n’avait pu les réfuter d’une manière satisfaisante du moins pour Lamiel ; elle en conclut, non par amour-propre mais plutôt par estime pour le caractère et la bonne foi de l’abbé, que ces idées étaient vraies.

L’abbé lui avait dit :

— On ne connaît un homme qu’en le voyant tous les jours et longtemps.

Lamiel, dès le soir même, disgracia le marquis de la Vernaye, et fit des yeux charmants à D***.

— Je vous prends, lui dit-elle, afin de me moquer ouvertement du comte et afin de lui voir développer son caractère. Je veux lui faire savourer les douceurs du cocuage, mais je ne vous vends