Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/309

Cette page a été validée par deux contributeurs.

saillies qui font l’agrément de la conversation française et qui ont toujours besoin d’un certain degré de confiance dans les auditeurs, avec l’amour propre desquels elles jouent le plus souvent.

Quelque philosophie indulgente et désir de bien vivre ensemble qu’eût l’interlocuteur, ses contradictions continuelles mettaient obstacle même à la conversation sur les choses les plus simples.

Lamiel était bien loin de pouvoir se rendre compte de toutes ces choses. Bonne, simple, enjouée, heureuse, sans malice au fond du cœur, elle ne pouvait deviner d’où lui venait le désagrément de sa vie. Elle était ravie du rôle que le comte lui faisait jouer dans le monde et de la hauteur à laquelle il l’avait placée. Elle n’eût pas eu autant d’esprit, de brillant et de finesse dans la conversation si l’on ne l’eût pas écoutée avec une religieuse attention. Sans attention préalable, il faut frapper fort, comme les réparties d’un vaudeville.

— Et à qui dois-je cette bienveillance anticipée, même de la part des gens assistant pour la première fois à nos dîners ? Uniquement à la considération que le comte s’est acquise. Mais appa-