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lement, c’était l’opposé de ce jeune étourdi sans réflexion qu’elle s’était figuré et qu’elle aimait d’amour, comme le contraire du jeune duc. L’idée du coup de pistolet, car elle croyait tout ce qui était extraordinaire, chassa bien vite l’ennui. Elle regardait d’Aubigné :

— Cette belle figure, si froide et si noble, c’est donc celle d’un homme qui va se tuer dans quelques heures ! il agit avec un sang-froid parfait.

Le comte faisait des malles et semblait absorbé par le soin de ne pas gâter ses effets ; fier de son habileté à faire des malles, il était bien commis voyageur dans ce moment ; mais Lamiel ne voyait rien, son âme était tout émue par ce coup de pistolet si prochain. Il adressait ces malles à sa sœur. Il les accompagna à la diligence de Périgueux, et, du bureau des diligences, les fit transporter à Versailles par un fourgon de louage. Le lendemain matin, Mme Le Grand reçut la lettre d’usage :

— Quand vous lirez ces mots de, etc.

Lamiel baissa la tête à cette lecture et bientôt fut étouffée par des sanglots. M. Le Grand s’écria :

— Voilà cependant seize cent soixante-sept francs que nous perdons, et il se remit à faire la