montrent le progrès et la marche de cet « esprit supérieur[1] », on pourra voir combien de son moi Beyle faisait passer dans ses œuvres de fiction. On le retrouvera dans le docteur Sansfin, cet ambitieux insatiable qui cherche à faire oublier sa bosse comme Beyle cherchait à masquer sa laideur ; et dans le comte d’Aubigné-Nerwinde, qui imite les belles manières des jeunes premiers du Théâtre-Français et joue si habilement la comédie de l’amour ; dans ce faux gentilhomme, qui rappelle à s’y méprendre l’amant de la séduisante et astucieuse Louason. On se rendra compte, de plus, que ce Journal, écrit de dix-huit à trente ans, devait être utile au futur romancier et graver non pas dans sa mémoire, mais dans son âme, toutes ces nuances de sentiments et de sensations qui font de lui, sinon un écrivain[2], tout au moins un pen-
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