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pas, et n’ai-je pas raison, madame Le Grand, à quoi bon monter pour être obligé de descendre demain matin ?

Ce bavardage dura une grande heure. Mme Le Grand était fort embarrassée ; elle avait été femme de chambre dans une bonne maison et avait un [tel] fond de politesse, surtout envers un jeune homme qui se ruinait en personne comme il faut, que, pour rien au monde, elle n’aurait violenté le comte. Il fallait cependant aller au lit, et elle songeait à faire réveiller l’homme de peine de la maison et les aide-cuisiniers, lorsque le comte se mit à expliquer pour la deuxième fois son projet sur Lamiel.

Alors Mme Le Grand appela la jeune fille qui avait pris la fuite en entendant répéter son nom, et la pria d’ordonner au comte d’Aubigné de remonter chez lui.

— Mais, ma chère madame, songez que demain ce monsieur le comte s’autorisera de ce mot pour m’adresser la parole.

— Demain il ne se souviendra de rien et viendra me demander pardon. Je le connais, ce n’est pas la première fois qu’il rentre dans cet état. Il faudra que je l’engage bien poliment à choisir un