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suadât un instant qu’elle était déjà arrivée à Rouen ; mais il ne parvint qu’à se faire renvoyer une demi-heure avant le coucher du soleil. Puis elle le rappela ; le bois était si rempli d’eau qu’elle voulut monter en croupe jusqu’à la grande route. La sentir si près de lui fut trop fort pour la raison de Fédor ; il était ivre d’amour et tremblait au point de pouvoir à peine tenir la bride de son cheval.

— Eh bien, retourne-toi, lui dit Lamiel, et embrasse-moi tant que tu voudras.

Ivre de bonheur, Fédor eut un éclair de caractère : il alla directement chercher un garde-chasse dans ses forêts, qui habitait à plus de deux lieues, ancien soldat ; il lui donna quelques napoléons et lui demanda un passeport de femme.

Lairel réfléchit beaucoup ; cet homme avait beaucoup de caractère, de force de volonté et peu d’esprit ; il n’inventait pas. Le duc fut obligé, pour la première fois de sa vie, de penser et d’inventer. Il eut bientôt trouvé un moyen.

— Vous avez une nièce, demandez un passeport pour elle ; elle a fait un héritage à Forges, plus loin que Rouen ; mais elle doit parler à un procureur de Rouen et ensuite à un parent co-