Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.

héroïne, la rassura beaucoup ; en le voyant venir avec sa démarche à mouvements brusques et de haute fatuité, elle se disait :

— Le chemin est bien solitaire.

Dès le lendemain de l’arrivée du jeune duc, Duval, son valet de chambre favori, lui avait appris qu’à cause de sa prochaine arrivée, on s’était cru obligé d’éloigner bien vite une jeune grisette de seize ans, charmante de tous points, favorite de sa mère, qui savait l’anglais, etc.

— Tant pis ! avait dit le jeune duc.

— Comment, tant pis ? reprit Duval de l’air d’assurance d’un homme qui mène son maître ; c’est du bien que l’on vole à M. le duc, il se doit d’attaquer cette jeunesse ; on donne à cela quelques livres et une belle chambre, dans le village, où monsieur le duc va le soir, chez elle, brider des cigares.

— Ce serait presque aussi ennuyeux que chez ma mère, dit le duc en bâillant.

Duval, voyant que la description de ce bonheur faisait peu d’impression, ajouta :

— Si quelqu’un des amis de monsieur le duc vient le voir à son château, monsieur le duc aura quelque chose à lui montrer, le soir.