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et alors sans transport, sans amour, le jeune Normand fit de Lamiel sa maîtresse.

— Il n’y a rien autre ? dit Lamiel.

— Non pas, répondit Jean.

— As-tu eu déjà beaucoup de maîtresses ?

— J’en ai eu trois.

— Et il n’y a rien autre ?

— Non pas que je sache ; mademoiselle veut-elle que je revienne ?

— Je te le dirai d’ici à un mois ; mais pas de bavardages, ne parle de moi à personne.

— Oh ! pas si bête, s’écria Jean Berville. Son œil brilla pour la première fois.

— Quoi ! l’amour ce n’est que ça ? se disait Lamiel étonnée ; il vaut bien la peine de le tant défendre. Mais je trompe ce pauvre Jean : pour être à même de se retrouver ici, il refusera peut-être du bon ouvrage. Elle le rappela et lui donna encore cinq francs. Il lui fit des remerciements passionnés.

Lamiel s’assit et le regarda s’en aller.

Puis elle éclata de rire en se répétant :

— Comment, ce fameux amour, ce n’est que ça !