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charrette couverte du château. C’était du linge et des robes de toute espèce dont la duchesse lui faisait cadeau. Il y avait quelque chose de tendre dans cette attention. Le 27 juillet, avant son départ, la duchesse était allée passer une heure au château, elle avait fait faire ces paquets, et, se défiant beaucoup de la probité de toutes les personnes si exemplaires qui l’entouraient, elle avait fait environner ces paquets de rubans de fil, et sous ses yeux, avait fait appliquer le cachet de ses armes aux différents endroits où ces rubans se croisaient. Ce fut une précaution sage ; ces paquets avaient donné beaucoup d’humeur à Mlle  Anselme, et cet humeur devint de la colère quand elle vit que Lamiel, restée seule au village, ne daignait pas monter au château pour lui faire une visite.

La jeune fille n’y songeait guère, elle n’était occupée qu’à cacher la joie folle qui la dévorait ; chaque matin, à son réveil, elle éprouvait un nouveau plaisir en s’apprenant à elle-même qu’elle n’était plus dans ce magnifique château où tout le monde était vieux et où, sur vingt paroles qu’on prononçait, dix-huit étaient consacrées à blâmer ; maintenant, sa seule affaire désagréable était d’é-