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mœurs d’usage en France avant le règne de Napoléon, doivent bien se moquer au fond du cœur de la gêne atroce qu’elles imposent aux jeunes filles qui ont seize ans en 1829 ! Il y a donc doublement à gagner à écouter la voix de la nature et à suivre tous ses caprices ; d’abord l’on se donne du plaisir, ce qui est le seul objet pour lequel la race humaine est placée ici-bas ; en second lieu, l’âme fortifiée par le plaisir, qui est son élément véritable, a le courage de n’admettre aucune des petites comédies nécessaires à une jeune fille pour gagner la bonne opinion des vieilles femmes en crédit dans le village ou dans le quartier qu’elles habitent. Le danger de la doctrine du plaisir c’est que le plaisir des hommes les porte à se vanter sans cesse des bontés que l’on peut avoir pour eux. Le remède est facile et amusant, il faut toujours mettre en désespoir l’homme qui a servi à vos plaisirs.

Le docteur ajoutait une foule de détails :

— Il ne faut jamais écrire, ou, si l’on a cette faiblesse, il ne faut jamais donner une seconde lettre sans se faire rendre la première. Il ne faut jamais témoigner de confiance à une femme, si l’on n’a en main le moyen de la punir de la moindre trahison. Jamais une femme ne peut res-