Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sansfin voit ce qui est vrai partout, mais je dois avouer que les sciences que j’étudie pour essayer de me perfectionner dans mon art me laissent si peu de temps à perdre, que je dis quelquefois la vérité en termes trop clairs et trop précis, et, je le sais, les salons dorés frémissent d’entendre ce langage simple d’un homme vertueux qui n’a besoin de faire la cour à personne. Par égoïsme, pour ne pas vous séparer d’une femme de chambre qui vous amuse, vous n’avez pas voulu d’abord que l’on transportât Lamiel chez ses parents et vous avez exposé sa vie. Ce n’est pas à moi à vous dire le jugement que la religion porte d’une telle action. Si M. le curé Du Saillard osait remplir ses devoirs auprès d’une femme de votre rang, sa sévérité serait peut-être encore plus offensante que la mienne ; mais lui se moque de la perte de l’âme de ses malades. La mort de l’âme ne se voit pas comme celle du corps. Son métier est plus commode que le mien. Quant aux remèdes de votre sot de Paris et à ceux du docteur de Rouen, ils ont mis la petite aux portes du tombeau. Démentez moi si j’ai tort, et, moi, j’ai tant d’humanité et tant d’amour pour mon état que si une de ces vieilles femmes imbéciles, dont vous avez