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planté de fleurs et qui s’étendait sous les fenêtres du château.

Dès le second jour, il fut décidé que Lamiel ne pourrait se promener, même dans le parterre, que dans la compagnie d’une des femmes de madame, et ces demoiselles trouvaient toujours qu’il faisait trop humide, ou trop chaud, ou trop froid pour se promener. Quant à l’intérieur du château, ces demoiselles qui, presque toutes, prétendaient à la jeunesse, quoique dépassant de loin la cinquantaine, avaient découvert que le grand jour était de mauvais ton, etc., etc.

Enfin, à peine un mois s’était écoulé, que Lamiel périssait d’ennui, et sa vie n’était pas trop égayée par le numéro de la fidèle Quotidienne, dont tous les soirs elle faisait la lecture à madame. Quelle différence avec la vie de Mandrin, à ses yeux le livre le plus amusant du monde ! Elle avait oublié d’apporter ses livres et, lorsqu’elle allait en voiture passer de courts instants chez ses parents, elle n’était pas laissée seule un instant et ne pouvait aller à sa cachette.

Lamiel n’avait presque plus l’envie de se promener ; elle était si malheureuse, que sa petite vanité, quoique fort éveillée, ne s’apercevait pas