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empruntée à Bajazet ; elle consista dans ce seul mot :

— Sortez !

La duchesse avait voulu conduire cette affaire sans en parler au curé Du Saillard ; la profondeur singulière qu’avait l’esprit de cet ecclésiastique habile lui avait donné l’impardonnable défaut de se laisser aller quelquefois à des réparties un peu brusques quand on lui opposait des objections par trop absurdes.

— Voilà encore, se disait la duchesse, de ces choses qu’on n’eût point vues avant 89.

Elle évitait donc le plus qu’elle pouvait de parler au curé de choses sérieuses. Quelquefois même, Mme  de Miossens essayait d’engager Du Saillard à dîner et de ne lui dire que deux mots polis : l’un quand il entrait et l’autre à sa sortie. L’homme d’esprit s’amusait de ces prétentions et attendait patiemment que la duchesse eût besoin de lui. Dans la colère que lui donna le maître d’école, la grande dame fit appeler Du Saillard à l’instant et n’eut pas même l’esprit de l’engager à dîner et de ne lui parler de Lamiel qu’à la fin du repas.

Du Saillard trouva l’affaire si mal engagée qu’il la jugea sans remède. Avant de parler de Lamiel,