— Ainsi vous avez assisté à un de ses sermons ? dit Clélia toute tremblante de bonheur.
— Mais comment, dit la marquise en riant, vous ne m’écoutiez donc pas ? Je n’y manquerais pas pour tout au monde. On dit qu’il est attaqué de la poitrine, et que bientôt il ne prêchera plus !
À peine la marquise sortie, Clélia appela Gonzo dans la galerie.
— Je suis presque résolue, lui dit-elle, à entendre ce prédicateur si vanté. Quand prêchera-t-il ?
— Lundi prochain, c’est-à-dire dans trois jours ; et l’on dirait qu’il a deviné le projet de votre excellence, car il vient prêcher à l’église de la Visitation. Tout n’était pas expliqué ; mais Clélia ne trouvait plus de voix pour parler ; elle fit cinq ou six tours dans la galerie, sans ajouter une parole. Gonzo se disait : Voilà la vengeance qui la travaille. Comment peut-on être assez insolent pour se sauver d’une prison, surtout quand on a l’honneur d’être gardé par un héros tel que le général Fabio Conti !
— Au reste, il faut se presser, ajouta-t-il avec une fine ironie ; il est touché à la poitrine. J’ai entendu le docteur Rambo dire qu’il n’a pas un an de vie ; Dieu le punit d’avoir rompu son ban en se sauvant traîtreusement de la citadelle.
La marquise s’assit sur le divan de la galerie, et fit signe à Gonzo de l’imiter. Après quelques instants, elle lui remit une petite bourse où elle avait