Fabrice avait fait annoncer qu’en l’honneur de Notre-Dame de Pitié il prêcherait sur la pitié qu’une âme généreuse doit avoir pour un malheureux, même quand il serait coupable.
Déguisé avec tout le soin possible, Fabrice gagna sa loge au théâtre au moment de l’ouverture des portes, et quand rien n’était encore allumé. Le spectacle commença vers huit heures, et quelques minutes après il eut cette joie qu’aucun esprit ne peut concevoir s’il ne l’a pas éprouvée, il vit la porte de la loge Crescenzi s’ouvrir ; peu après, la marquise entra ; il ne l’avait pas vue aussi bien depuis le jour où elle lui avait donné son éventail. Fabrice crut qu’il suffoquerait de joie ; il sentait des mouvements si extraordinaires qu’il se dit : Peut-être je vais mourir ! Quelle façon charmante de finir cette vie si triste ! Peut-être je vais tomber dans cette loge ; les fidèles réunis à la Visitation ne me verront point arriver, et demain, ils apprendront que leur futur archevêque s’est oublié dans une loge de l’Opéra, et encore, déguisé en domestique et couvert d’une livrée ! Adieu toute ma réputation ! Et que me fait ma réputation !
Toutefois, vers les huit heures trois quarts, Fabrice fit effort sur lui-même ; il quitta sa loge des quatrièmes et eut toutes les peines du monde à gagner, à pied, le lieu où il devait quitter son habit de demi-livrée et prendre un vêtement plus