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En effet, Riscara monta seul en chaise de poste. Il était à peine à Bologne depuis deux jours, lorsqu’il aperçut dans une calèche Fabrice et la petite Marietta. Diable ! se dit-il, il paraît que notre futur archevêque ne se gêne point ; il faudra faire connaître ceci à la duchesse, qui en sera charmée. Riscara n’eut que la peine de suivre Fabrice pour savoir son logement ; le lendemain matin, celui-ci reçut par un courrier la lettre de fabrique génoise ; il la trouva un peu courte, mais du reste n’eut aucun soupçon. L’idée de revoir la duchesse et le comte le rendit fou de bonheur, et quoi que pût dire Ludovic, il prit un cheval à la poste et partit au galop. Sans s’en douter, il était suivi à peu de distance par le chevalier Riscara, qui, en arrivant, à six lieues de Parme, à la poste avant Castelnovo, eut le plaisir de voir un grand attroupement dans la place devant la prison du lieu ; on venait d’y conduire notre héros, reconnu à la poste, comme il changeait de cheval, par deux sbires choisis et envoyés par le comte Zurla.

Les petits yeux du chevalier Riscara brillèrent de joie ; il vérifia avec une patience exemplaire tout ce qui venait d’arriver dans ce petit village, puis expédia un courrier à la marquise Raversi. Après quoi, courant les rues comme pour voir l’église, fort curieuse, et ensuite pour chercher un tableau du Parmesan qu’on lui avait dit exister dans le pays, il rencontra enfin le podestat, qui s’empressa