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— Dans la cheminée du salon ; en les y jetant l’un après l’autre, il n’y a pas de danger.

La duchesse plaça sous son bras le portefeuille regorgeant de papiers, prit une bougie et passa dans le salon voisin. Elle prit le temps de voir que ce portefeuille était celui des dépositions, mit dans son châle cinq ou six liasses de papiers, brûla le reste avec beaucoup de soin, puis disparut sans prendre congé de la princesse.

— Voici une bonne impertinence, se dit-elle en riant ; mais elle a failli, par ses affectations de veuve inconsolable, me faire perdre la tête sur un échafaud.

En entendant le bruit de la voiture de la duchesse, la princesse fut outrée de colère contre sa grande-maîtresse.

Malgré l’heure indue, la duchesse fit appeler le comte ; il était au feu du château, mais parut bientôt avec la nouvelle que tout était fini. — Ce petit prince a réellement montré beaucoup de courage, et je lui en ai fait mon compliment avec effusion. — Examinons bien vite ces dépositions, et brûlons-les au plus tôt.

Le comte lut et pâlit.

— Ma foi, ils arrivaient bien près de la vérité ; cette procédure est fort adroitement faite, ils sont tout à fait sur les traces de Ferrante Palla ; et, s’il parle, nous avons un rôle difficile.

— Mais il ne parlera pas ! s’écria la duchesse ;