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qu’elle avait reçu beaucoup de lettres de Parme et de Bologne, elle se retira de bonne heure : la femme de chambre favorite introduisit d’abord l’amant régnant, le comte Baldi, jeune homme d’une admirable figure et fort insignifiant ; et plus tard, le chevalier Riscara son prédécesseur : celui-ci était un petit homme noir au physique et au moral, qui, ayant commencé par être répétiteur de géométrie au collège des nobles à Parme, se voyait maintenant conseiller d’État et chevalier de plusieurs ordres.

— J’ai la bonne habitude, dit la marquise à ces deux hommes, de ne détruire jamais aucun papier, et bien m’en prend ; voici neuf lettres que la Sanseverina m’a écrites en différentes occasions. Vous allez partir tous les deux pour Gênes, vous chercherez parmi les galériens un ex-notaire nommé Burati, comme le grand poëte de Venise, ou Durati. Vous, comte Baldi, placez-vous à mon bureau et écrivez ce que je vais vous dicter.


« Une idée me vient et je t’écris ce mot. Je vais à ma chaumière près de Castelnovo ; si tu veux venir passer douze heures avec moi, je serai bien heureuse : il n’y a, ce me semble, pas grand danger après ce qui vient de se passer ; les nuages s’éclaircissent. Cependant arrête-toi avant d’entrer dans Castelnovo ; tu trouveras sur la route un de mes gens, ils t’aiment tous à la